Exposition : « Travail libre », une recherche artistique en architecture
La multiplication des catastrophes en Haïti peut-elle déboucher sur la diffusion de modèles d’habitats plus adaptés et ainsi renforcer la résilience ?
La revue Études caribéennes vient de publier un nouveau numéro intitulé « Le dilemme d’Haïti : d’une crise à l’autre ? »
A cette occasion, Thierry Joffroy, Christian Belinga Nko’o et Philippe Garnier ont rédigé un article intitulé « La multiplication des catastrophes en Haïti peut-elle déboucher sur la diffusion de modèles d’habitats plus adaptés et ainsi renforcer la résilience ? ».
Dans cet article, les auteurs présentent les recherches menées depuis 2010 sur les typologies d’habitat local ayant bien résisté aux différents aléas en Haïti et ayant donné lieu à des propositions de reconstruction originales valorisant les pratiques et les matériaux locaux. Ces propositions, matérialisées tout d’abord sous forme de prototypes puis validées par des essais sur table vibrante, ont été diffusées et éprouvées par les aléas successifs, y compris l’important séisme de 2022, ce qui a amené à une reconnaissance de l’intérêt du concept de TCLA (Techniques de construction locales améliorées) à l’échelle du pays.
Le cyclone de 1928 en Guadeloupe. Dimensions politiques et littéraires d’un catalyseur de modernisation
Dans son article « Le cyclone de 1928 en Guadeloupe. Dimensions politiques et littéraires d’un catalyseur de modernisation » pour la revue Transversale, Sophie Paviol expose, par le biais de la revue des archives et de la littérature, l’écart entre l’ambition politique de libérer les habitants des Antilles françaises des aléas climatiques et l’imaginaire des descendants d’esclaves devant la démesure des éléments naturels qui peuvent, à tout moment, les sacrifier.
Résumé de l’article
Le projet défendu par le gouverneur et les élus de Guadeloupe pour la reconstruction de l’île détruite par le cyclone de 1928 est celui d’une modernisation du territoire et des équipements publics, gouvernementaux et communaux. Si ce grand programme est prometteur de progrès social, il est aussi porteur de ruptures dans les modes d’habiter. Nous essayerons de saisir l’écart entre l’ambition politique de libérer les habitants des Antilles françaises des aléas climatiques et l’imaginaire des descendants d’esclaves devant la démesure des éléments naturels qui peuvent, à tout moment, les sacrifier.
Consulter l’article en ligne sur HAL
Versus Plus, heritage for people : educational tools to transmit heritage values
Le projet VERSUS + (2019-2023) est une continuation du projet VERSUS (2013-2015) qui décrivait les leçons à tirer du patrimoine vernaculaire pour produire une architecture durable. Cette suite de projet, portée par l’UPV (Espagne), l’ESG (Portugal), le DIDA ainsi que le DICAAR (Italie) et CRAterre (France), valorisent les outils didactiques permettant de transmettre ces valeurs au plus grand nombre.
Le livret « Versus Plus, heritage for people : educational tools to transmit heritage values » coordonné par CRAterre, présente 20 outils pédagogiques ludiques et interactifs que les partenaires pratiquent depuis des années. Tous les professionnels souhaitant transmettre les valeurs du patrimoine peuvent en faire usage. Ce recueil n’impose pas des exercices figés mais invite le lecteur à faire preuve de créativité pédagogique en proposant des formes très diverses d’enseignement où les travaux manuels sont très présents. Les activités proposées peuvent facilement être reformulés pour s’adapter au temps, aux ressources humaines, culturelles et matérielles disponibles. Chacun des exercices est expliqué sous forme de fiches illustrées. Un tableau récapitule les critères auxquels l’ensemble des exercices répondent, en termes de public cible (9 catégories), d’échelle d’intervention (7 catégories) et de principe de durabilités (15 principes VERSUS). Des liens vers des sites internet et une bibliographie permettent d’accéder à davantage d’information pour ceux qui le souhaitent.
Territoire et buen vivir : une invitation au changement de paradigme par les Arhuaco
Rendez-vous croisés de la transition chaire Paix économique/chaire Territoire en transition
Qu’est-ce que le bien vivre sur les territoires ? Comment réviser notre manière d’appréhender le territoire et nos interrelations ? Comment ne plus se penser en dehors de la nature et des communautés humaines et non-humaines ?
Ce rendez-vous croisé de la transition permettra d’explorer d’autres paradigmes d’interrelations et d’interroger via ce prisme ce qu’est notre rapport à l’habitat, aux territoires et aux ressources.
Nous aurons la chance de donner la parole à deux représentants du peuple Arhuaco, peuple premier de la Sierra Nevada colombienne, autour de la manière dont ils conçoivent le bien vivre. Comment se ressaisir de cette forme d’être en relation pour penser la transformation des entreprises, des politiques publiques et des territoires ici et ailleurs ?
Intervenants :
- Fiona Ottaviani, Enseignante-chercheuse en économie, co-coordinatrice chaire Territoire en transition, coordinatrice de recherche de la chaire Paix économique, Grenoble Ecole de Management
- Anaïs Guéguen Perrin, chercheure en architecture AE&CC / ENSAG / Université Grenoble Alpes
- Calixto Suarez, messager du peuple Arhuaco
- Mamo Adolfo Chaparro, représentant spirituel de la communauté Arhuaco
Contact référent : Fiona Ottaviani
Lien d’inscription :
Nota Bene: pour la création du compte, l’étape “informations entreprise” est facultative si vous n’êtes pas concerné-es.
En cas de difficultés pour l’inscription, merci d’envoyer un mail au contact communication :
clara.casquero@grenoble-em.com
Date : Mardi 18 octobre 2022
Heure : 18h – 20h
Lieu : Ecole de Management, salle A303
12 Rue Pierre Semard, Grenoble
Call for abstracts : Nile’s Earth International Conference
Earth, as a building material, played an important role in making possible the development of the ancient kingdoms along the Nile Valley from its earliest periods. However, this outstanding earthen heritage remains poorly known, while its resulting archaeological assets are increasingly threatened due to neglect, human activities, as well as by climatic and ecological changes (e.g., heavy rains, dam construction, extension of cultivation areas, soil salinisation), etc.
The hypothesis of the ANR Nile’s Earth project is that specific solutions are needed to effectively preserve and protect this heritage. Its aim is to explore the potential of multidisciplinary approaches for a better identification and knowledge of these earthen archaeological remains, the assessment of their state of conservation, and the definition of adapted and sustainable conservation methods and techniques. The assumption is that, to be relevant, conservation protocols must rely on a thorough knowledge of ancient building techniques and materials, as well as the original building culture.
Within this framework, the Nile’s Earth International Conference aims at stimulating an international debate towards better characterisation and long-term management of earthen architecture of the ancient Nile Valley, including potential lessons to be learnt to address some of the current concerns for a more sustainable development.
Researchers from different backgrounds and disciplines are invited to share their own experiences, issues and results on the three main themes of the conference which will be the basis for discussions towards a better knowledge, recognition and valorisation of this outstanding heritage of Egypt and Sudan in accordance with international standards and recommendations.

SCIENTIFIC THEMES
THEME 1
Archaeology, Architecture and Building cultures
1.1 History of earthen architecture: origins, evolutions, technological breakthroughs and continuity
1.2 Typologies, functions and uses
1.3 Building techniques, practices and know-how in their historical, environmental and cultural context
1.4 Building design, systems and metrology
1.5 Construction site organisation: production chains, manufacturing processes, workforce, etc.
1.6 Ethnoarchaeology and vernacular traditions
1.7 Ancient maintenance and rehabilitation practices
THEME 2
Raw and Building materials
2.1 Characterisation of building materials
2.2 Material analysis (laboratory and field) and protocols
2.3 Geoarchaeological and environmental analyses
2.4 Physico-technical analysis
2.5 Archaeobotanical analysis
THEME 3
Conservation, Valorisation and Management
3.1 Threats, circumstances and processes of decay; impact of climatic change
3.2 Condition survey protocols
3.3 Preventive conservation
3.4 Green conservation practices
3.5 Reconstruction: potential and limits with regard to international standards
3.6 Planning, management, community engagement
SELECTION PROCESS
Abstracts can be submitted for a paper or a poster. Abstracts will be peer-reviewed by the Scientific Committee resulting in a selection of about 40 papers to be completed before their oral presentation during the conference. All papers and posters will be in English. All oral presentations will be held live and on-site and only after registration. The selected papers will be published in the conference proceedings.
SUBMISSION OF ABSTRACTS
https://nilesearth2023.sciencesconf.org/submission/submit
KEY DATES
Sept 30th 2022 1st call for abstracts
Oct 31th 2022 2nd call for abstracts (recall)
Nov 30th 2022 Deadline submission of abstracts
Dec 16th 2022 Announcement of selected abstracts and call for papers/posters
Apr 28th 2023 Deadline for submission of completed papers and posters / speaker registration
Jun 27th 2023 Recommendations and suggestions from the Scientific Committee
Jul 4-6th 2023 Nile’s Earth International Conference
Aug 31st 2023 Sending of final papers
Sept – Oct 2023 Final review by editorial committee
Dec 2023 Publication of the proceedings
More information about the call for abstracts
Download the call for abstract
USEFUL INFORMATION
NILE’S EARTH INTERNATIONAL CONFERENCE
4-6 JULY 2023
GRENOBLE SCHOOL OF ARCHITECTURE
60 AVENUE DE CONSTANTINE
38000 GRENOBLE
Lettre des nouvelles acquisitions du centre de documentation
La lettre des nouvelles acquisitions du centre de documentation AE&CC vient de paraître.
Cette lettre a pour objectif de vous informer des derniers projets mis en place au sein de notre centre de documentation, de vous présenter les nouvelles acquisitions et de vous apporter quelques astuces pour mieux utiliser notre catalogue en ligne.
Pour emprunter des documents, veuillez contacter : aecc.documentation@grenoble.archi.fr
Translating Ferro / Transforming Knowledges of Architecture, Design and Labour for the New Field of Production Studie
Dans le cadre du projet Translating Ferro / Transforming Knowledges of Architecture, Design and Labour for the New Field of Production Studies, João Marcos de Almeida Lopes, professeur de l’Institut d’Architecture et d’Urbanisme de l’Université de São Paulo (IAU/ USP), et José Tavares Correia de Lira, professeur de la Faculté d’Architecture et d’Urbanisme de l’Université de São Paulo (FAU/ USP), se sont rendus à l’ENSAG le mardi 8 février 2022.
Il s’agit d’un projet de collaboration Brésil/ Royaume-Uni/ France financé par le Arts & Humanities Research Council – AHRC (Royaume-Uni), la Fundação de Amparo à Pesquisa do Estado de São Paulo – FAPESP, avec la participation du LabEx AE&CC. Il vise à définir et à consolider un nouveau domaine d’Études de la Production, structuré et informé par le travail de l’architecte et théoricien brésilien Sérgio Ferro, ancien professeur de l’ENSAG.
Le projet consiste à organiser et à traduire en anglais une bonne partie de l’œuvre théorique de Sérgio Ferro. En effet, l’œuvre écrite de Sérgio n’est disponible qu’en portugais et en français, ce qui empêche sa diffusion dans le monde anglophone. L’idée est d’élargir et de diffuser l’accès à ce travail et, en même temps, de structurer et de consolider un nouveau champ d’Études de Production – qui a été, dans une large mesure, inauguré par son travail et par son groupe Dessin/Chantier dont les activités se sont développées au sein de l’école.
Parmi les résultats attendus de ce projet figure la composition et la systématisation d’une collection de l’œuvre de Sérgio Ferro, ainsi que du travail qu’il a développé, tant au Brésil (avec le groupe Arquitetura Nova) qu’en France – notamment au sein du groupe Dessin/ Chantier.
Lors de cette visite, les professeurs ont pu consulter les différentes archives papier concernant le travail de Sérgio Ferro présentes à l’ENSAG. Cette activité est en continuité de divers échanges entre l’ENSAG et l’USP dans le cadre de collaborations liées à l’enseignement et la recherche. Elle a notamment permis d’aborder les fondements du travail de Sérgio Ferro et les héritages présents tant dans l’enseignement que dans les pratiques mises en place par AE&CC ou les GAIA, notamment en ce qui concerne les conditions de travail sur chantier.
Workshop QUATORZE & Aedification, Grands Territoires, Villes (ENSAG-UGA)
Les étudiants du parcours de Master « AEdification, Grands Territoires, Villes » (Master 2, Semestre1) ont participé du 24 au 26 novembre 2021 à un Workshop organisé par l’unité de recherche AE&CC et QUATORZE_Architecture solidaire et sociale aux Grands Ateliers.
Présentation du workshop
[ÊTRE] DE PASSAGE, LES TEMPS ET LES TEMPORALITÉS
le sud grenoblois comme territoire d’accueil et de fabrique de transitions
Il s’agit d’une action pédagogique où l’expérimentation et la fabrication se situent comme modalités fondamentales de l’enseignement du projet.
La question des temporalité – réversibilité – habitabilité est la problématique qui organise l’enseignement du projet au premier semestre du master 2 du parcours Aedification, Grands Territoires, Villes. Dans ce cadre, l’équipe enseignante fait appel aux compétences spécifiques des membres de Quatorze, Architecture solidaire et sociale. Cette rencontre permettra de proposer aux étudiants au premier semestre du M2 “un moment de fabrication” dans les Grands Ateliers, où l’expérimentation ne se matérialisera pas uniquement par celle de « la construction d’un dispositif fini » mais par la fabrication d’une structure qui pourra accueillir les constructions, par la matérialisation des systèmes habités, des processus d’installation et d’organisation, de la co-existence/co-habitation, ou encore par la construction des modalités d’articulation (de différents types et à différentes échelles).
Les situations d’urgence, de plus en plus récurrentes/généralisées, amènent les architectes à se questionner sur la manière d’agir avec qualité rapidement et celle d’anticiper et d’accompagner le temps long de l’installation humaine et de la vie. Il s’agit en effet de créer les conditions de la bonne installation, même pour des temps très courts.
L’expérimentation aux Grands Ateliers avec les architectes de Quatorze s’inscrit dans cette obligation de renouvellement.
Galerie d’images
© Aysegul Cankat, Halimatou Mama Awal
Workshop organisé en partenariat avec :
L’ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D’ARCHITECTURE DE GRENOBLE – EPE UGA
Unité de recherche (LaBex) AE&CC
Parcours de Master « AEdification, Grands Territoires, Villes », Master2, Semestre1
Aysegül CANKAT, Professeure, Architecte DPLG, HDR, Chercheure AE&CC
Halimatou MAMA-AWAL, Maîtresse de Conférences, Architecte ADE, Docteure, Chercheure AE&CC
QUATORZE_Architecture solidaire et sociale
Nancy OTTAVIANO, architecte, Docteure en urbanisme et aménagement
Zofia BASISTA, architecte
LES GRANDS ATELIERS
96 Boulevard de Villefontaine,
38090 Villefontaine
Compte-rendu “Séminaire Architecture, acteurs locaux et ressources territoriales France-Amérique Latine
Le séminaire “Architecture, acteurs locaux et ressources territoriales France-Amérique Latine |Seminario Arquitectura, actores locales y recursos territoriales Francia-América Latina” a eu lieu le 8 novembre sous l’impulsion d’Ivan Mazel (chercheur, CRAterre-AE&CC/ENSAG/UGA).
Ce séminaire a donné lieu à de riches échanges dont voici le bilan.
Bilan du séminaire
Programme
Noelia Monteiro
Projets avec des communautés traditionnelles dans différents écosystèmes brésiliens
Proyectos con comunidades tradicionales en diferentes biomas brasileños
Anaïs Guéguen Perrin
Matérialisation du Nhandereko dans l’habitat guarani au Brésil, ponts décoloniaux
Materialización del Nhandereko en el hábitat guaraní en Brasil, puentes decoloniales
Étienne Randier-Fraile
Les marges de Montevideo (Uruguay), territoires de ressources pour le projet en situation d’incertitudes
Los márgenes de Montevideo (Uruguay), territorios de recursos para el proyecto en situación de incertidumbres
Marie Flécheux
De l’habitat participatif à la régénération écoresponsable de l’habitat social collectif du XXe siècle fondée sur la participation des habitants et l’utilisation de matériaux bio et géosourcés
Del hábitat participativo a la regeneración eco-responsable de la vivienda social colectiva del siglo XX basada en la participación de los habitantes y el uso de materiales naturales
Ivan Mazel
Projets architecturaux de valorisation du bois local et développement territorial dans les Vosges et le Jura (France)
Proyectos arquitectónicos de valorización de la madera local y desarrollo territorial en las Vosges y el Jura (Francia)
Compte-rendu rédigé par Ivan Mazel
Contenu des présentations et des échanges
Présentations des intervenants
Noelia Monteiro a présenté différents projets auxquels elle a participé avec des communautés rurales au Brésil avec son agence Estudio Flume et au sein de l’Escola da Cidade et de ses activités d’extension universitaire, pratiques de collaboration avec la société qui est un des trois piliers avec l’enseignement et la recherche dans les universités latino-américaines. Au sein du groupe de recherche Arquitetura e biosfera, elle a participé à la conception d’une école avec les communautés littorales de l’île de Marajó dans le delta de l’Amazone. Dans le cadre de ses activités de praticiennes, elle a exposé deux projets dans les écosystèmes du littoral et de la forêt atlantique ainsi que dans le sertão, milieu sec du Nordeste du Brésil, où elle a travaillé à la conception et la réalisation de petits bâtiments avec des techniques constructives ingénieuses, économisant les matériaux, et employant au maximum les ressources locales. Afin de répondre aux besoins des communautés, un travail participatif sur les usages a été réalisé qui a débouché sur le dessin de dispositifs architecturaux adaptés à la transformation des fruits et à la pratique de la pêche.
Anaïs Guéguen Perrin a exposé son travail de thèses sur les formes d’habitat contre-hégémoniques : l’habitat guarani au Brésil et l’habitat participatif en France, mais cette présentation était centrée sur le terrain d’étude brésilien. Elle interroge dans quelle mesure ces pratiques alternatives d’habitat peuvent minimiser l’impact de nos modes de vie sur le système Terre ? Elle montre des pratiques de transformation et d’amélioration de l’habitat guarani dans le respect de leur culture architecturale et écologique. Les pratiques de résistance et de réappropriation du sol sont également mobilisées pour montrer le renouvellement de leur culture au contact des cultures urbaines et les pratiques de communications contemporaines.
Étienne Randier-Fraile a partagé les premières explorations de son travail de thèse croisant la question de la marginalité, autant en terme géographique qu’au niveau social, avec la situation d’incertitude liée au changement climatique. À travers deux exemples, Bañado de oro et Palya del cerro, il a montré la prégnance des enjeux pour certaines périphéries de la capitale uruguayenne Montevideo. Quelles sont les adaptations des pratiques architecturales informelles face à l’incertitude climatique ? L’objectif est mieux comprendre ces adaptations pour nourrir la culture architecturale dans l’incertitude contemporaine, et ainsi nourrir la pensée de la conception de l’habitat et du territoire, notamment pour les architectes.
Marie Flécheux a évoqué la généalogie de son intérêt pour l’habitat participatif depuis son mémoire de master sur leurs espaces communs, son mémoire de DSA Architecture de terre sur les pratiques d’autoconstruction et d’autofinition dans ces habitats, et enfin, son travail de thèse sur la régénération de l’habitat collectif social du XXe siècle inspirée des pratiques de l’habitat participatif. Les formes de collaboration et de gouvernance entre acteurs, les manières d’impliquer les habitants dans la construction ont été développées à partir de l’exposition de différents cas d’étude en Suisse et en France. Preuves a été donnés que ces formes alternatives d’habitat sont des expériences intéressantes pour penser l’habitat contemporain.
Ivan Mazel a abordé la question du développement territorial et de la valorisation du bois local dans les territoires des Vosges et Jura ayant une culture traditionnelle de la forêt ainsi que de la transformation et construction en bois. Premièrement, la stratégie de développement au travers d’édifices exemplaires a été exposée ainsi que ses limites étant notamment la faible transformation globale des filières forêt-bois. Deuxièmement, l’hypothèse d’un lien entre la complexité des techniques constructives et la grande distance d’approvisionnement du bois a été montrée à travers un certain nombre de cas d’étude, soulignant de la sorte le rôle des concepteurs, architectes, mais aussi ingénieur pour favoriser les ressources locales. Ces constats interrogent ainsi sur les conditions socioculturelles et socioéconomiques de la production architecturale en général, et de la construction bois en particulier, et leurs possibles évolutions.
Discussions et débats
Différentes thématiques ont émergé du débat. Tout d’abord, la question de l’extractivisme, en tant que pratiques d’exploitation des ressources naturelles de l’environnement, a été abordée autant en lien avec les communautés rurales brésiliennes ou la production architecturale en France. La question soulevée était : dans quelle mesure est-il possible de mettre en place une extractivisme mesurée des matières produites par les plantes ou le sol pour faire attention à leur renouvellement et leur non-épuisement ? Au Brésil, les communautés rurales, parfois quilombos (Noelia Monteiro) ou guaranis (Anaïs Guéguen Perrin) auraient besoin d’une étendue territoriale élevée pour subvenir à la totalité de leurs besoins, mais leurs pratiques de culture extensive et dans une logique d’agroforesterie permettent une cohabitation avec le reste du vivant. Ensuite, le parallèle a été fait entre le mouvement de l’habitat participatif en France et de l’habitat coopératif en Uruguay, pays d’Amérique Latine où ce type d’habitat est le plus développé, sujet abordé dans la publication Cooperativas de vivienda en Uruguay : medio siglo de experiencias. Quels transferts culturels au sujet des alternatives dans l’habitat ont-ils eu lieu et existe-t-il entre France et Amérique Latine ? Enfin, nous avons évoqué les évolutions de la culture architecturale, notamment constructive et urbanistique, face aux incertitudes écologiques, liée notamment au changement des contextes sociaux et climatiques (Étienne Randier-Fraile). Comment conçoit-on une architecture pérenne en lien avec le contexte si ce contexte évolue fortement ? L’articulation dans la culture guarani entre les dimensions symboliques, architecturales et environnementales évolue au contact des pratiques urbaines et liées au numérique (Anaïs Guéguen Perrin). Parallèlement, la culture de la construction bois a fortement évolué au travers de la mécanisation et de l’automatisation, questionnant par-là les types de modernisation, les formes de travail souhaitables et les échelles territoriales de développement de cette filière (Ivan Mazel). Les méthodes d’exploration de la forêt sont également questionnées au Brésil comme le montrent les travaux de l’Institut de recherche Imazon (Noelia Monteiro). Quelles sont alors les logiques sociales et les techniques constructives de ces architectures ? Les architectures informelles s’adaptent aux évolutions du régime climatique et peuvent dans certaines situations après avoir été érigées par les classes populaires, et puis devenir un habitat de loisir (Étienne Randier-Fraile). En France et en Suisse, l’habitat participatif et coopératif est un exemple significatif de production architecturale fruit d’une collaboration entre architecte et habitants, avec parfois le soutien des pouvoirs publics, mais dont la forme dépend fortement du cadre législatif et incitatif des pouvoirs publics pour les formes alternatives d’habitat (Marie Flécheux).
Participants
18 personnes (10 en présentiel et 8 en distanciel)
Soutenance de thèse de Benoît d’Almeida (17 décembre 2021, ENSAG)
Vous êtes chaleureusement conviés à la soutenance de thèse de Benoît d’Almeida, doctorant de l’équipe Cultures Constructives / Unité de Recherche AE&CC, qui se déroulera le vendredi 17 décembre à 14h à l’ENSA de Grenoble (amphi Simounet).
Titre de la thèse :
Le modèle de la Garden city, un réservoir de précédents pour inspirer la transformation de la ville mexicaine
Directeur et co-directeur :
– Gilles Novarina | Professeur, Université Grenoble Alpes | Unité de recherche AE&CC,
– Stéphane Sadoux | Maître de conférences, ENSA de Grenoble | Unité de recherche AE&CC
Composition du jury :
– Enrico Chapel | Professeur, École Nationale Supérieure d’Architecture de Toulouse, LRA | rapporteur
– Cynthia Ghorra-Ghobin | Directrice de recherche émérite, CNRS-CREDA | rapportrice
– Agnès Berland-Berthon | Professeure, Université Bordeaux Montaigne, IATU | examinatrice
– Matthew Hardy | Maître de Conférences, University of Oxford & The Prince’s Foundation | examinateur
– Ramón Reyes Rodriguez | Professeur, Université de Guadalajara, CUAAD | examinateur
– Florence Rudolf | Professeure, INSA Strasbourg, laboratoire AMUP | examinatrice
Thèse préparée au sein de l’Unité de recherche Architecture, Environnement & Cultures Constructives et dans l’École Doctorale 454 | Sciences de l’homme, du Politique et du Territoire
Retour sur la journée « Coopérations Villes Montagnes : vers la neutralité carbone »
La journée « Coopérations Villes Montagnes : vers la neutralité carbone » organisée par Grenoble-Alpes Métropole, dans le cadre de la présidence française 2020-2021 de Eusalp (EU Strategy for the Alpine Region), a permis à Frédéric Bailly, de Grenoble École de Management, Chaire Territoire en transition et Laurence Malaret, de l’ENSAG-AE&CC, Chaire Territorialisation, de présenter un « Point de la vue de la recherche sur les relations ville-montagne pour les collectifs et la société civile à l’ère des changements globaux ». L’animation était assurée par Jean-Baptiste Grison, Enora Bruley du collectif Perce-Neige et membre du Labex Ittem. Organisé en deux temps, l’atelier avait pour objectif de communiquer les résultats issus des deux recherches. L’interdisciplinarité et la participation ont été réunis à cette occasion.
Frédéric Bailly a souligné une certaine déconnexion des habitants de la métropole avec la montagne et ses « infrastructures vertes », par l’appui sur les résultats préliminaires du Panel de recherche du territoire de Grenoble ; pour mettre en avant ensuite la participation citoyenne des habitants de territoires ruraux (en prenant l’exemple du PNR des Bauges, via le projet INTERREG LUIGI) pour le maintien et le développement de ces infrastructures vertes (les vergers ici en l’occurrence).
Laurence Malaret a souligné l’intérêt de porter la focale sur les coopérations territoriales combinées, peu étudiées, et induites par des effets de réseau, entre institutions, entreprises, habitants du territoire (donc entre personnes appartenant à des structures, des collectifs, ou des groupes avec ou sans statuts). Ces habitants sont par exemple de plus en plus impliqués dans des initiatives de transition alimentaire, sensibilisation et éducation aux milieux (et ces formes de participation ne sont pas nouvelles). Elle a aussi souligné la différence et les recoupements de vocabulaires entre ces types d’acteurs. Il a été mis en évidence ce que les acteurs nous racontent sur les coopérations faisant transition, et quelles sont les pistes à envisager pour aller vers de la coopération territoriale.
Le second temps de l’atelier avait pour objectif de laisser une grande place à la participation de la salle, autour de deux axes : la coopération des acteurs sur les territoires de montagne et métropole, et la manière de créer de la valeur économique, sociale, écologique par les infrastructures vertes.
Le partenariat UISEK arquitectura / ENSAG : la confrontation à l’autre, à un ailleurs. Une richesse partagée.
Dans l’objectif d’initier un partenariat scientifique et pédagogique entre l’ENSAG et l’UISEK arquitectura, sur les questions de processus projectuel, d’habitat et d’aléa-risque, les professeurs Aysegul Cankat, Julie Martin et Martin Nouaille ont réalisés en mai 2019 des missions en Equateur financées par l’Unité de recherche AE&CC et l’UISEK.
Ces missions se sont concluent par la signature d’une convention cadre qui a permis la mise en place d’échanges d’étudiants et d’enseignants, le montage d’enseignements partagés ainsi que la possibilité de proposer des projets de recherche en collaboration. Cela a notamment donné lieu à un exercice transversal, les étudiants du parcours Aedification Grands Territoires Villes de l’ENSAG travaillant sur leurs PFE sur Quito et les étudiants de l’UISEK faisant leur atelier d’architecture de dernière année sur Grenoble.
Afin de valoriser ce partenariat et les travaux qui en ont découlé, Julie Martin a réalisé un zoom autour de cette expérience qui a été exposé en septembre 2021 à l’ENSAG aux côtés des PFE des étudiants.
Nous sommes aujourd’hui heureux de pouvoir diffuser plus largement ce zoom montrant la richesse des échanges ayant découlé de ce partenariat.
Télécharger l’exposition : https://ia601406.us.archive.org/35/items/expo-quito-grenoble/1_intro_expo.pdf
MARTIN DAYDE, Julie, MOLLION, Cécile, CANKAT, Aysegul, THEPOT, Patrick, FERRERAS CID, Enrique, LOPEZ RUEDA, Cyntia, VACA, Veronica, LLORCA VEGA, Néstor, 2021. Échange Quito-Grenoble : la confrontation à l’autre, à un ailleurs. Une richesse partagée. Grenoble, Quita : ENSAG, UISEK. 27 p.
Regard réflexif sur le projet ReparH à Haïti | Alternatives Humanitaires
En complément au focus « Recherche et action humanitaire : les défis d’une collaboration » de la revue Alternatives humanitaires et suite aux récents événements à Haïti, Thierry Joffroy, Mampionona Rakotonirina et Philippe Garnier apportent un regard réflexif sur le projet de reconstruction post-catastrophe “ReparH“.
Lire l’article en ligne :
“Regard réflexif sur le projet ReparH à Haïti : une exhortation à renforcer les liens entre action humanitaire et recherche”
Extrait
“Le projet de recherche ReparH mené en Haïti a obtenu des résultats très probants d’un point de vue quantitatif, mais aussi qualitatif. Ces interventions sont indubitablement dues à la qualité du partenariat qui a pu être monté entre acteurs de terrain et recherche, à l’articulation agile entre les deux postures, mais aussi grâce à l’inscription de ce projet dans la durée. Cette expérience met bien en lumière le potentiel d’utilité sociétale de la recherche dans ce domaine qui appelle à beaucoup plus de collaborations.”
Le projet ReparH
Ce projet a cherché à articuler approche scientifique transdisciplinaire, réalités et projets de terrain pour développer une
méthodologie de projet et des réponses architecturales de qualité basées sur des solutions constructives socialement adaptées et scientifiquement pertinentes, prenant en compte les usages et pratiques locales à travers la valorisation des cultures constructives.
Ainsi, ReparH a permis de réduire la vulnérabilité des constructions aux risques majeurs (séisme, cyclone) et d’améliorer la
résilience des communautés. Il a également contribué à la mise en place d’une véritable filière professionnelle organisée autour de l’association des artisans formés.
Plus de 2 000 familles ont pu bénéficier directement des recherches réalisées et obtenir une nouvelle habitation ou avoir leur maison réparée. Fin 2015, plus de 2 000 autres familles en ont bénéficié indirectement du fait des formations des responsables de chantier et professionnels, ainsi que de la diffusion des éléments techniques liés au système constructif
utilisé.
En apprendre plus sur le projet : https://craterre.hypotheses.org/3238